Un vivant parle pour les morts

Auteur: Paul Eluard
Année: 1963

Doux avenir, cet œil crevé c’est moi,
Ce ventre ouvert et ces nerfs en lambeaux
C’est moi, sujet des vers et des corbeaux,
Fils du néant comme on est fils de roi.

J’aurai bientôt perdu mon apparence :
Je suis en terre au lieu d’être sur terre,
Mon cœur gâché vole avec la poussière.
Je n’ai de sens que par complète absence.

23 novembre 1946.

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