Ni du furtif oiseau la voix mélodieuse
Qui viendra de la tombe humer les tièdes fleurs ;
Ni de ton frère enfant la prière de pleurs ;
Ni, dans l’écho grinçant, la fanfare odieuse
Du despote glacé qui te pousse au tombeau,
Jeune homme ! et de tes jours renverse le flambeau ;
Ni les plombs courtisans qui moissonnent vos têtes,
À vous ! sanglantes fleurs des royales tempêtes ;
Ni les rayons vivans de notre beau soleil,
Ne réveilleront plus ton précoce sommeil !
Et la tonnante voix de leurs canons parjures,
Dont chaque bond proclame et signe les injures,
Et ma plainte de femme à ton astre tremblant,
Qui tombe détaché dans l’orage sanglant ;
Et cette voix d’amour en prière épuisée,
Ce sanglot de mère brisée,
Qui dans le champ des morts cherchant son jeune lis,
A crié d’un long cri : « Terre ! rends-moi mon fils ! »
Rien ne t’éveillera ; car ta couche est profonde.
Ah ! sur trop de cyprès la liberté se fonde !
Ah ! mon Dieu ! trop de sang trempe un généreux fer :
Dans vos rêves éteints dormez, belles victimes ;
Laissez-nous l’esclavage, et laissez-leur les crimes ;
Le roi le plus dévot ne croit pas à l’enfer !