Air : Au sein de l’heureuse patrie.

Dans ton amour, t’exilant sur la terre,
Divin Jésus, tu t’immolas pour moi.
Mon Bien-Aimé, reçois ma vie entière ;
Je veux souffrir, je veux mourir pour toi.

Seigneur, tu nous l’as dit toi-même :
« L’on ne peut rien faire de plus
Que de mourir pour ceux qu’on aime. »
Et mon amour suprême
C’est toi, Jésus !

Il se fait tard, déjà le jour décline
Reste avec moi, céleste Pèlerin.
Avec ta croix je gravis la colline;
Viens me guider, Seigneur, dans le chemin !

Ta voix trouve écho dans mon âme
Je veux e ressembler, Seigneur.
La souffrance, je la réclame…
Ta parole de flamme
Brûle mon coeur !

Avant d’entrer dans l’éternelle gloire,
« Il a fallu que l’Homme-Dieu souffrît »,
C’est par sa croix qu’il gagna la victoire ;
O doux Sauveur, ne nous l’as-tu pas dit ?

Pour moi, sur la rive étrangère,
Quels mépris n’as-tu pas reçus !…
Je veux me cacher sur la terre,
Etre en tout la dernière, Pour toi, Jésus.

Mon Bien-Aimé, ton exemple m’invite
A m’abaisser, à mépriser l’honneur
Pour te ravir, je veux rester petite ;
En m’oubliant, je charmerai ton Coeur.

Ma paix est dans la solitude,
Je ne demande rien de plus.
Te plaire est mon unique étude,
Et ma béatitude
C’est toi, Jésus !

Toi, le grand Dieu que l’univers adore,
Tu vis en moi, prisonnier nuit et jour
Ta douce voix à toute heure m’implore,
Tu me redis : « J’ai soif ! j’ai soif d’amour !… »

Je suis aussi ta prisonnière,
Et je veux redire à mon tour
Ta tendre et divine prière,
Mon Bien-Aimé, mon Frère :
J’ai soif d’amour !

J’ai soif d’amour! Comble mon espérance
Augmente en moi, Seigneur, ton divin feu !
J’ai soif d’amour! bien grande est ma souffrance.
Ah ! je voudrais voler vers toi, mon Dieu !

Ton amour est mon seul martyre ;
Plus je le sens brûler en moi,
Et plus mon âme te désire.
Jésus, fais que j’expire
D’amour pour loi !

30 avril 1896.