D’un seul poème entre la vie et la mort

Auteur: Paul Eluard
Année: 1944

As-tu bien vu ton semblable
Comme il profite de tout
Il a la tête brillante
Il a la tête enflammée
Sous un masque de soleil
Sous un doux masque d’or double
Ses yeux sont des roses chaudes
Car ton semblable a bon cœur

Il t’a montré le chemin
Vers la grille et vers la clé
Vers la porte à dépasser
Vers ta femme et tes enfants
Vers la place des visages
Il te rend la liberté

Mais je rêve et j’en ai honte
L’on va t’imposer la mort
La mort légère et puante
Qui ne répond qu’à la mort
Tout va d’un lieu grondant de vie vers le désert
La source de ton sang s’atténue disparaît
Nos ennemis ont besoin de tuer
Ils ont besoin d’être nos ennemis

Il n’y a rien d’essentiel à détruire
Qu’un homme après un homme
Il n’y a rien d’essentiel à créer
Que la vie tout entière en un seul corps
Que le respect de la vie et des morts
Qui sont morts pour la vie
Comme toi mon semblable
Qui n’as rien fait que de haïr la mort.

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