Chanson de la plus haute tour

Recueil: Illuminations
Année: 1886

Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse

J’ai perdu ma vie.
Ah ! que le temps vienne

Où les cœurs s’éprennent !

Je me suis dit : Laisse, 

Et qu’on ne te voie.
Et sans la promesse

De plus hautes joies.

Que rien ne t’arrête,

Auguste retraite.

Ô mille veuvages

De la si pauvre âme

Qui n’a que l’image

De la Notre-Dame : 

Est-ce que l’on prie

La vierge Marie ?

J’ai tant fait patience

Qu’à jamais j’oublie.

Craintes et souffrances

Aux cieux sont parties

Et la soif malsaine

Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie

À l’oubli livrée ; 

Grandie et fleurie

D’encens et d’ivraies ; 

Au bourdon farouche

De cent sales mouches.

Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse

J’ai perdu ma vie.
Ah ! que le temps vienne

Où les cœurs s’éprennent !

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