À l’infini

Auteur: Paul Eluard
Année: 1963

Elle surgissait de ses ressemblances
Et de ses contraires

On la voyait mieux parfois plus publique
Que cachant ses seins sous un cœur de mère

Peut-elle inspirer de l’indifférence
Celle qui est moi-même

*

Elle exalte mon frère
Mon frère la première image

Le soleil brille à travers lui il est né d’elle
Et c’est ainsi que je suis sûr que chacun l’aime

*

Elle surgissait de l’homme
Et l’homme surgissait d’elle
Elle surgissait du désir de l’homme
D’un homme
De moi
Et d’un autre homme
Et peut-être aussi d’une femme
De plusieurs femmes désirables idéales
Et de plusieurs femmes sans charmes
Surgissait des enfances vagues
Des plus beaux rêves en spirales colorées
Et des réalités rigides
Bossues cassées blanches et noires
Rêve et réalité la rose et le rosier
La douleur et ses murs le long d’une rue calme
La douleur acceptable et le plaisir possible

*

Sèche
Des pieds à la tête
Elle allait sur les marais
Et s’enlisait dans les dunes

Moi frais ou chaud
De temps en temps j’étais son lit
Ses draps blancs ses draps sales
Et son plaisir intime

Son sang naviguait à la rame
Autour de l’île de son cœur
Nous chassions à deux le sommeil
Deux soleils se levaient en nous.

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