Parthénice, il n’est rien qui résiste à tes charmes :
Ton empire est égal à l’empire des dieux ;
Et qui pourrait te voir sans te rendre les armes,
Ou bien serait sans âme, ou bien serait sans yeux.
Pour moi, je l’avouerai, sitôt que je t’eus vue
Je ne résistai point ; je me rendis à toi :
Mes sens furent charmés, ma raison fut vaincue,
Et mon cœur tout entier se rangea sous ta loi.
Je vis sans déplaisir ma franchise asservie ;
Sa perte n’eut pour moi rien de rude et d’affreux ;
J’en perdis tout ensemble et l’usage et l’envie :
Je me sentis esclave, et je me crus heureux.
Je vis que tes beautés n’avaient point de pareilles :
Tes yeux par leur éclat éblouissaient les miens ;
La douceur de ta voix enchanta mes oreilles ;
Les nœuds de tes cheveux devinrent mes liens.
Je ne m’arrêtai pas à tes beautés sensibles,
Je découvris en toi de plus rares trésors ;
Je vis et j’admirai les beautés invisibles
Qui rendent ton esprit aussi beau que ton corps.
Ce fut alors que voyant ton mérite adorable,
Je sentis tous mes sens t’adorer tour à tour ;
Je ne voyais en toi rien qui ne fût aimable,
Je ne sentais en moi rien qui ne fût amour.
Ainsi je fis d’aimer l’aimable apprentissage ;
Je m’y suis plu depuis, j’en aime la douceur ;
J’ai toujours dans l’esprit tes yeux et ton image ;
J’ai toujours Parthénice au milieu de mon coeur.
Oui, depuis que tes yeux allumèrent ma flamme,
Je respire bien moins en moi-même qu’en toi;
L’amour semble avoir pris la place de mon âme,
Et je ne vivrais plus s’il n’était plus en moi.
Vous qui n’avez point vu l’illustre Parthénice,
Bois, fontaines, rochers, agréable séjour !
Souffrez que jusqu’ici son beau nom retentisse,
Et n’oubliez jamais sa gloire et son amour.