Faits nouveaux de pensées, branle, animation de rap- ports, – rapports non pas de sentiments, de l’intérieur d’un sentiment à l’intérieur d’un autre sentiment, mais de l’extérieur d’un sentiment, de la place, du rang, de l’importance d’un sentiment avec l’importance d’un autre sentiment, de la valeur extérieure, figurative d’une pensée par rapport à une autre pensée, – et de ses réactions par rapport à elles, de leur admission en lui, de ses plis, de ses pentes, – voilà l’apport de Rimbaud.

Rimbaud nous a enseigné une nouvelle manière d’être, de nous tenir au milieu des choses.

Pillé par les modernes uniquement dans ses plis, dans ses pentes, dans le jeu des rapports inventés par lui et non pas même dans la nature des choses agitées, – que lui-même d’ailleurs n’agite que du dehors (en sentant extérieurement ce dehors), et s’il creuse c’est pour retirer encore d’autres dehors ; le suc intérieur des phénomènes lui demeura tou- jours inconnu, – et les modernes n’ont même pas retenu ces phénomènes mais des façons de l’agiter. N’est-ce pas, Raval, Fierens, et les autres suiveurs. Un autre esprit est à l’origine de certains tics du style contemporain, bientôt aussi démodé que toutes les affectations du décadentisme, c’est le Mallarmé de Divagations.

Le premier, par son souci de rendre à chaque mot sa totale contenance de sens, il classa ses mots comme des va- leurs existant en dehors de la pensée qui les conditionne, et opéra ces étranges renversements de syntaxe où chaque syllabe semble s’objectiver et devenir prépondérante. Mais Mallarmé était difficile en face de sa pensée, là où Paul Fierens n’est difficile que pour ceux qui le lisent, et avec un sujet de l’être insignifiant. Je m’empresse de dire que Paul Fierens compose de petits poèmes parfaits, et qui m’apparaissent comme d’heureuses élucidations de la pensée contemporaine. Je n’en veux qu’à ses comptes rendus.