Rien n’est comme il devrait être.
Le maître
Plus que le valet,
Est laid.

Je hais ton jargon, Zémire.
J’admire,
Malgré son argot,
Margot.

Souvent d’une pauvre fille
Qui brille,
Les pieds en sabots
Sont beaux.

Ici, la guerre âpre et noire ;
Bruit, gloire,
Lauriers triomphaux,
Or faux.

Ici la bête de somme ;
C’est l’homme ;
Et là les héros
Zéros.

Ici le nécessaire, aigre
Et maigre ;
Là le superflu
Joufflu.

Dans l’église et la guinguette
Qu’il guette,
Le diable survient ;
Il tient

Par sa guimpe et son air prude
Gertrude,
Et par son chignon
Ninon.

Le destin, ce dieu sans tête
Et bête,
A fait l’animal
Fort mal.

Il fit d’une fange immonde
Le monde,
Et d’un fiel amer
La mer.

Tout se tient par une chaîne
De haine ;
On voit dans les fleurs
Des pleurs. ,

Tout ici-bas, homme, femme,
Vie, âme,
Est par Ananké
Manqué.

Aussi, lorsque l’homme achève
Son rêve,
Quel triste avorton
Voit-on !

Homme, mon frère, nous sommes
Deux hommes
Et, pleins de venins,
Deux nains.

Ton désir secret concerte
Ma perte,
Et mon noir souhait
Te hait ;

Car ce globe où la mer tremble
Nous semble
Pour notre appétit
Petit.

Nous manquons, sur sa surface,
De place
Pour notre néant
Géant.