II
Dans l’abîme des soirs en incendies
tes larmes qui sont des armes
sont tombées sur les tombes enfouies ;
des tombes il éclôt des fleurs de douleur
et les parfums, des gestes de ta main
et la couleur un bienfait de ta main
et la pâleur ton geste à demain ;
de ton geste à demain s’essore la douleur.
ah ton geste inclinant tes aurores !
On mourait au fond d’or des basiliques amples
des tourmentes d’odeur douces s’exhalaient de tes rampes,
aux faîtes des tours des attentes de langueur,
les haltes florissaient en larges reposoirs,
en des gaînes de velours des couteaux dormaient en tes soirs
et sur l’âme des pierres planait un regard lourd.
Les bras de tes statues disaient : « Demain, demain !
attendez l’heure proche des lèvres sur nos mains,
le bonheur est minute et la mort est minute
les tocsins de vos nerfs résonnent à la déroute
la route de vos folies si simples s’éjouit
vers les flacons d*espoir que tarit la minute
attendez l’heure proche de tes lèvres à mes mains.
En quoi tu m’as blessée, je n’en sais rien, mais viens !
je suis la ligne, et l’âme, et l’heure !
et que veux-tu du rêve ou de la chair ? mais viens
je suis la tienne et la douleur.
Pleure mes marécages mais viens à ma douleur
l’éventail de tes paroles rafraîchira mes crépuscules
quelle mort marmorise vos cœurs et qui recule
en toi, devant l’effort perennel de ma douleur.
Défaille,
mes bras de marbre te seront des coussins
les paumes de mes mains te berceront d’aumônes
défaille vers les senteurs qui fleurissent à mes zones ;
ah l’aimé, viens en joie, mes jardins sont ouverts. »
L’ombre s’amoncelle aux pâleurs sur les terrasses
et fait éclore plus doux les flambeaux près des vasques
où rient comme un réveil de sa voix
les panaches virants des fontaines ;
la ronde des fées et des masques,
d’opales génies s’accoudent à ses terrasses,
des ballets dansent sur ses dalles.