Monde triste
Qui persistes
Dans l’impondérable azur,
Tes fumées,
Tes ramées,
Tes vallonnements obscurs,
Tes cris, tes gestes, tes danses
Sont comme un chant de silence
Dans le vent
Pour l’âme à jamais sereine
Qui flotte et passe lointaine
En rêvant.
Menons une légère ronde
Autour du monde
Où s’égosille un oiseau
Dans un bouleau,
Où la chauve-souris est chère
Aux lueurs du réverbère,
Où les ruisseaux doucement
Sous la mousse se perdant
Résument dans un murmure
Les frissons de la nature.
Adieu, nos anciens foyers
Et les petits escaliers
De la vie réelle.
Cheminons légèrement
Autour du monde où l’arbre grêle
Dans les bleus vallonnements
Berce son aile.
L’âme des amoureux nous suit
Et celle des jeunes gens,
Celle de quelques vieux aussi
Et des poètes indigents,
Et celle de l’idiot rieur
Qui se couronne de fleurs
Et regarde longtemps dans l’eau
Bouger les bouleaux.
Donnons-nous la main, indolents,
Et sourions en rêvant
Dans notre ronde sereine.
La lune pâle mollement
Éclaire la terre, la plaine
Et les bleus vallonnements
Où dans le plus doux bouleau
Chante un oiseau.