Air : Dieu de paix et d’amour.
Pour supporter l’exil de la terre des larmes,
Il me faut le regard de mon divin Sauveur;
Ce regard plein d’amour m’a dévoilé ses charmes,
Il m’a fait pressentir le céleste bonheur.
Mon Jésus me sourit, quand vers lui je soupire ;
Alors je ne sens plus l’épreuve de la foi.
Le regard de mon Dieu, son ravissant sourire,
Voilà mon ciel à moi !
Mon ciel est d’attirer sur l’Eglise bénie,
Sur la France coupable et sur chaque pécheur,
La grâce que répand ce beau fleuve de vie
Dont je trouve la source, ô Jésus, dans ton Coeur.
Je puis tout obtenir lorsque, dans le mystère,
Je parle coeur à coeur avec mon divin Roi.
Cette douce oraison, tout près du sanctuaire,
Voilà mon ciel à moi!
Mon ciel, il est caché dans la petite hostie
Où Jésus, mon Epoux, se voile par amour.
A ce foyer divin je vais puiser la vie ;
Et là, mon doux Sauveur m’écoute nuit et jour.
Oh ! quel heureux instant, lorsque dans ta tendresse
Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi !
Cette union d’amour, cette ineffable ivresse,
Voilà mon ciel à moi!
Mon ciel est de sentir en moi la ressemblance
Du Dieu qui me créa de son souffle puissant ;
Mon ciel est de rester toujours en sa présence,
De l’appeler mon Père et d’être son enfant ;
Entre ses bras divins je né crains pas l’orage…
Le total abandon, voilà ma seule loi !
Sommeiller sur son Coeur, tout près de son Visage,
Voilà mon ciel à moi !
Mon ciel, je l’ai trouvé dans la Trinité sainte
Qui réside en mon coeur, prisonnière d’amour.
Là, contemplant mon Dieu, je lui redis sans crainte
Que je veux le servir et l’aimer sans retour.
Mon ciel est de sourire à ce Dieu que j’adore,
Lorsqu’il veut se cacher pour éprouver ma foi ;
Sourire, en attendant qu’il me regarde encore,
Voilà mon ciel à moi!
7 juin 1896.