FLORENT FELS
Quand l’Évêque mourut, le Diable apparut,
Un vieux diable qui fréquentait les bordels minces,
Où les accordéons évoquent des provinces
Dont la couleur s’étale aux almanachs perdus.
Ce bon diable-là, dites, l’avez-vous vu
Comme un bonze qui s’est dévêtu de la Chine,
Et puis a consumé sa vieille pacotille
Dans les braises du calumet de l’absolu.
GEORGES GABORY
Endymion soufflant la corne de corail
Dont chaque son révèle une antique asphodèle,
S’attarde à préparer dans la forêt du mal
L’air qui rendra toutes les filles criminelles.
ROBERT MORTIER
Une maison et puis une maison – toute blanche
Avec une route rose en terre battue ;
Le tourbillonnement du soleil dévêtu,
Et des collines, loin, dont la soie s’effiloche.
Suivant l’inclinaison de l’astre qui descend,
Une colline, et loin, un vieux clocher pointu,
Un vieux clocher, là-bas, tout nu et tout tordu
Et la marguerite – espoir dans les doigts d’un passant.
MARGUERITE JAMOIS
Comme un lis dans le cœur du cloître désolé
Autour duquel ramage un antique silence,
Vous vous bercez, ô sœur, au silence qui pense
Dans le silence qu’ici-bas vous répandez.
SIMONE DULAC
Ô princesse escortée de mille négrillons
Tes parures sont des pierres talismaniques
Mais ton cœur débordant de grâces prolifiques
Nous consume d’autres rayons.
GÉNICA ATANASIOU
La merveilleuse nuit pépiante d’étoiles
Qui nous contemple du centre de l’Empyrée
N’égale pas pour nous ton visage de lait
Ni les lunaires fleurs de tes yeux de topaze.
CHARLES DULLIN
Dans le mortel jardin que la foudre a frappé
Vous êtes ce figuier qui marmonne à voix basse,
Ce noir figuier brûlé qui marmonne et ressasse
Un vieux tourment venu des âges oubliés.
Vous êtes ce figuier que la foudre a mangé,
À la face marquée des griffes du tonnerre,
Ô vieux figuier sorcier qui ravagez la terre
Avec le soc de vos racines émasculées.