Une faute : on n’a point fait garder le passage.
Ô don Ruy le Subtil, à quoi donc pensez-vous ?
Mais don Ruy répondrait : « J’ai la ronce et le houx,
Et chaque pan de roche est une sentinelle ;
La fauve solitude est l’amie éternelle
Des larrons, des voleurs et des hommes de nuit ;
Ce pays ténébreux comme un antre est construit.
Et nous avons ici notre aire inabordable ;
C’est un vieux recéleur que ce mont formidable ;
Sinistre, il nous accepte, et, quoi que nous fassions,
Il cache dans ses trous toutes nos actions ;
Et que pouvons-nous donc craindre dans ces provinces,
Étant bandits aux champs et dans les villes princes ? »
Le débat sur le roi continue. « Il faudrait,
Dit l’infant Ruy, trouver quelque couvent discret,
Quelque in-pace bien calme où cet enfant vieillisse ;
Soit. Mais il vaudrait mieux abréger le supplice,
Et s’en débarrasser dans l’Ybaïchalval.
Prenez vite un parti, vite ! Ensuite à cheval !
Dépêchons. »
Et, voyant que l’infant don Materne
Jette une pierre, et puis une autre, à la citerne,
Et qu’il suit du regard les cercles qu’elles font,
L’infant Ruy s’interrompt, dit : « Pas assez profond.
J’ai regardé. » Puis, calme, il reprend :
« Une affaire
Perd sa première forme alors qu’on la diffère ;
Un point est décidé dès qu’il est éclairci.
Nous sommes tous d’accord en bons frères ici,
L’enfant nous gêne. Il faut que de la vie il sorte ;
Le cloître n’est qu’un seuil, la tombe est une porte.
Choisissez. Mais que tout soit fait avant demain. »