Je suis le saint, je suis celui qui fut
Un homme, très petit parmi les autres hommes ;
Et j’ai seulement quelques pensées qui me couronnent
Et s’exhalent de moi avec un son confus.

Je suis cet éternel absent de soi-même
Marchant toujours auprès de son propre chemin.
Et mes âmes un jour s’en allèrent, demain
Je me réveillerai dans une ville ancienne.

Je vous le dis, je suis l’errant qui suis venu
Pour vous offrir l’image d’un humble exemple.
C’est ainsi que je me quittai un vieux dimanche
Suivant le vol évangélique des angélus.

Et voici que j’advins au cercle des esprits,
Ils dévalaient un cirque de petites collines ;
Et les herbes psalmodiaient toutes en sourdine
Au pied des ânes porteurs d’esprits qui me sourient.

Je n’ai plus honte de ma robe ni de mes mains
Qui m’appartiennent et vous appartiennent, mes frères ;
Et ce jour-là je me déliai de la terre
Et des ondes passaient dans mon corps cristallin.

Autour de moi s’étend une ville d’agrès
Dont les remparts sont comme l’eau des mers immenses,
Et voici que je retrouvai ce qui commence
Et le mot qui finit, et la terre d’après.

Je n’ai qu’un visage de cire et je suis orphelin
Et cependant là où je vais il vient des Anges
Qui me découvrent le chemin du Père étrange
Dont le cœur est plus doux qu’un cœur de père humain.

Recherchez-moi, je viens du royaume de paix,
De cette paix qui pénètre même les pierres,
Et j’ai pitié de cette incessante poussière
D’os humains retournant à la terre brûlée.

Je suis celui qui peut dissoudre l’épouvante
D’être un homme et de s’en aller parmi les morts
Car mon corps n’est-il pas la merveilleuse cendre
Dont la terre est la voix par où parle la mort.