Dans le bois, l’y a-t-une vieille qui passe quatre-vingts ans. C’est la femme d’un pauv’ vieil homme qu’on a tué pour son argent. — La vieille s’en va dansant, sous les branches, sous les branches. — C’est la femme d’un pauv’ vieil homme qu’on a tué pour son argent.
Il avait trois francs six sols dans son gousset de bûcheron. La vieille crie à tous les vents : Qui c’est-y qu’a vu mon homme ? — Elle s’en va glissant, sautant, sous les branches, sous les branches. — La vieille crie à tous les vents : Qui c’est qu’a vu mon amant ?
Deux mouches vertes aux paupières, une araignée au menton, la vieille s’en va dansant, — qu’elle est belle ! qu’elle est belle !— et toute une fourmilière en grains de beauté plaisants, la vieille s’en va sautant, — qu’elle est belle joliment !
Cheveux gris pleins de rosée, tout brouillés de coccinelles, la vieille s’en va glissant, — qu’elle est belle ! qu’elle est belle ! — deux scarabées aux oreilles, une marguerite aux dents, la vieille s’en va dansant, — qu’elle est belle joliment !
Elle embrasse tous les passants, les glissants et les sautants, — la folle s’en va chantant, sous les branches, sous les branches, — les sautants et les glissants, les crapauds et les serpents. Elle s’en va chantant, la folle : Qui c’est donc qu’a vu mon homme ?
Elle embrasse tous les passants, le rossignol sur la gorge, — elle s’en va chantant, la folle, sous les branches, sous les branches, — baise l’ortie sur la fleur et le voleur sur le front. La folle s’en va chantant : Qui c’est qu’a vu mon amant ?