Elle se reflète dans une mare où les rainettes vont chanter, où le clair de lune vient boire, où les nuages vont pleurer.

C’est une pauvre petite chapelle, sans croix, sans vitraux, sans clocher ; ni saints ni Vierge et pas d’autel, jamais une âme pour y prier.

Ses fidèles sont les brins d’herbe et la frileuse giroflée, qui regarde par la fenêtre et ne cesse pas de trembler.

De la route on la voit à peine, mais on la voit, et par la baie, sur l’éboulis qui fut l’autel, l’azur encor frais de son ciel.

Elle est, sous un saule pleureur, la triste amie des hirondelles. L’araignée y sort de son cœur des voiles tout mouillés de perles.

C’est une douce petite chapelle qui garde les trésors du monde : le silence, la pauvreté, l’ombre et la chasteté de l’ombre.

Tous les trésors ? hélas ! mon Dieu, l’illusion est morte en elle, malgré son toit qui vers les cieux monte berçant un bouleau grêle.

Ainsi que deux mains en prière, le buis bénit entre les doigts, montent les deux côtés du toit : c’est une pauvre petite chapelle

qui frissonne de tous ses lierres, la porte ouverte à l’étranger. La nuit d’étoiles passe en elle ; c’est la cabane du berger,

et mon asile… Elle me sert à me cacher dans ma misère. Souvent elle me voit pleurer — pourquoi ? pour rien, pour me distraire —

la tempe couchée sur la pierre, le front coiffé de giroflées (même elle prend pour des prières mes petits sanglots étouffés)

le jour quand je n’ai rien à faire, et la nuit quand je baye aux fées.