Il suffit de bien peu de chose
Pour troubler l’ordre des saisons
Et cet azur dont se compose
La splendeur de nos horizons;

Ma bien-aimée,,il peut suffire,
Selon des lois que Dieu connaît,
Pour perdre ou sauver un empire,
D’un enfant qui meurt ou qui naît;

Il ne faut, au milieu de Rome
Et d’un peuple qui suit un char,
Qu’un peu de fer aux mains d’un homme
Pour ôter le monde à César.

Les petites causes sans peine
Produisent des effets bien grands;
Mais le plus hardi capitaine,
Mais le plus hautain des tyrans,

Mît-il en flamme Europe, Asie,
Troublât-il la terre et la mer,
N’ôtera pas sa fantaisie
Au doux rêveur qui veut aimer!

17 mai 1846.