LE SÉNAT.
Vibrez, trombone et chanterelle !
Les oiseaux chantent dans les nids.
La joie est chose naturelle.
Que Magnan danse la trénis
Et Saint-Arnaud la pastourelle !

LES CAVES DE LILLE.
Miserere !
Miserere !

LE CONSEIL D’ÉTAT.
Des lampions dans les charmilles !
Des lampions dans les buissons !
Mêlez-vous, sabres et mantilles !
Chantez en chœur, les beaux garçons !
Dansez en rond, les belles filles !

LES GRENIERS DE ROUEN
Miserere !
Miserere !

LE CORPS LÉGISLATIF.
Jouissons ! l’amour nous réclame.
Chacun, pour devenir meilleur,
Cueille son miel, nourrit son âme,
L’abeille aux lèvres de la fleur,
Le sage aux lèvres de la femme !

BRUXELLES, LONDRES, BELLE-ISLE, JERSEY
Miserere !
Miserere !

L’HÔTEL DE VILLE.
L’empire se met aux croisées ;
Rions, jouons, soupons, dînons.
Des pétards aux Champs-Élysées !
À l’oncle il fallait des canons,
Il faut au neveu des fusées.

LES PONTONS
Miserere !
Miserere !

L’ARMÉE.
Pas de scrupules ! pas de morgue !
À genoux ! un bedeau paraît.
Le tambour obéit à l’orgue.
Notre ardeur sort du cabaret,
Et notre gloire est à la morgue.

LAMBESSA.
Miserere !
Miserere !

LA MAGISTRATURE.
Mangeons, buvons, tout le conseille.
Heureux l’ami du raisin mûr,
Qui toujours, riant sous sa treille,
Trouve une grappe sur son mur
Et dans sa cave une bouteille !

CAYENNE.
Miserere !
Miserere !

LES ÉVÊQUES.
Jupiter l’ordonne, on révère
Le succès, sur le trône assis.
Trinquons ! Le prêtre peu sévère
Vide son âme de soucis,
Et de vin vieux emplit son verre !

LE CIMETIÈRE MONTMARTRE.
Miserere !
Miserere !

Jersey, avril 1853