VI

Les trois filles au bord de la mer
ont vu passer la Vierge mère
le long des graves colonnades —
ah ! d’où venez-vous Vierge mère

J’étais sise à l’avant du bateau
voguant par les autans des eaux
pour atterrir la colonnade
d’où vos yeux regardent la mer

Ah ! Vierge mère vous êtes seule
votre blanche robe est comme un linceul
vous avez marché sur les eaux
pour venir à la colonnade

J’ai noyé pilote et calfat
j’ai noyé la nef et les matelots
parce que parmi les autans sur les eaux
ils n’ont pas su croire à ma miséricorde

Ah ! Vierge mère nos chers sourires
à leurs cous serreraient la corde
jusqu’aux cris de miséricorde
qu’ils auraient poussés jusqu’au ciel qu’étoila
votre passage vers nos colonnades

Ah ! d’autres mes filles aux miséricordes
ont cru qui dorment sous les eaux
J’ai noyé pilote et calfat
et seule hanterai la brève colonnade
ma blanche robe est comme un linceul
ah ! que vos sourires ne se meurent pas seuls.
laissez-moi bien seule sous la colonnade.