II

Vers les seins pourprés de la fée de la fontaine
nous apporterons, captifs, les calices ;
aux lèvres pourprées de la fée de la fontaine
les rosées captives aux prisons des calices,

Entre ses doigts menus faisons rire les roses
passons à son poignet des bracelets de liserons ;
la pourpre de ses lèvres entr’ouvrira les roses
pour doter leur calice de l’arôme des baisers prompts ;

Divine fée de la fontaine, ah, dites-nous les fleurs élues
les lys blancs comme ton doux col nu
les nénufars ruisselants à ton col nu

Voulez-vous plus douces des fleurs d’Hespérides
qu’au soir rosissant mènent les caravelles.
elles partent aux frissons premiers de vos réveils
et vers ta rade au soir viennent en flots de joie

Pour t’ensevelir de guirlandes
courons l’horizon des landes arides
cherchons les muguets aux trous lamés de soie
pleins d’herbes et d’ombres et d’éphémères joyaux de roi

Et les pas légers des fillettes en joie
s’égrènent en gazouils empruntés à la voix
que cadence aux jours élus la dive fée de la fontaine.