Tu sais ; ami rêveur qui vois ma destinée,
Quelle meute envieuse, âpre, immonde, acharnée,
Jappe après mes talons, et m’insulte, et me mord,
Comme si j’étais grand, comme si j’étais fort !
Mets sous clef ce poème, et n’en parle à personne.
Cette meute surgit dès que mon clairon sonne,
Et rentre dans sa nuit sitôt qu’il a cessé.
Je veux la condamner au silence forcé. —
Pour quelque temps du moins. — Cet oubli qui lui pèse
— Me plaît, et je me tais afin qu’elle se taise.

25 août 1843. Cauterets.