Pour Dieu ! mon amie,
Vivez-vous encor ?
Ou, fleur endormie
Au jardin de mort,
Faites-vous un rêve
Doux comme vos yeux ?
Qu’un ange l’achève,
Et vous porte aux cieux !
Car cette vallée
Est sombre pour nous ;
Notre ame exilée
Y rampe à genoux ;
On coupe nos ailes,
Dans ce lieu d’effroi ;
Je pleure après elles,
Et l’on rit de moi !
Et vous ! si charmante,
Belle au triste accent,
Voyageuse amante
De quelque ange absent ;
Quand vos traits de femme
Dans l’ombre ont passé,
« C’est, dis-je en mon ame,
Un ange blessé ! »
Car votre auréole
Se montrait un peu ;
Dans votre parole
Languissait un feu ;
Vos grâces brûlantes
De divins amours,
Vous rendaient trop lentes
Les nuits de nos jours !
Si, frêle et chérie.
Vous quittez ce lieu,
De votre patrie,
Criez-nous adieu !
Pour moi, désolée
De l’oubli du temps,
Moi, l’autre exilée,
Je prie, et j’attends !