Il me plaist icy de peindre
Mieulx que ne le sçauroit feindre
Un Apelle ingénieux,
Ma peine contr’ imitée
Sur la belle Pasithée,
Seule idole de mes yeux.

C’est mon feu, c’est ma cordelle,
Mon froid, ma flesche mortelle,
C’est mon aigle dévorant,
Qui m’ard, lie, englace, et blesse,
Et qui dévore sans cesse
Mon cueur sans cesse mourant.

De l’œil sort ma flamme vive,
L’or des cheveux me captive,
Par la rigueur suis gelé,
La main en cinq traicts s’allonge,
Et le cruel qui me ronge,
C’est ce petit Dieu ailé.

Vénus feit l’œil, que j’adore,
Son chef fut pris de l’Aurore,
Diane son cueur donna,
Pallas sa main tant prisée,
Et sur une ongle aguisée
Mon torment se façonna.

Son œil les astres surmonte,
A l’or ses tresses font honte,
Le fer cède à sa rigueur,
Sa main l’alebastre passe,
Et sur le beau de sa face
Se niche l’oiseau vaincueur,

Qui la seule mort doit craindre,
Onde pour ma flamme esteindre,
Main pour mes nœuds délacer,
Soleil pour ma glace fondre,
Pavois pour aux coups respondre,
Et voix pour l’oiseau chasser.

Pour me vanger je souhette,
L’un se changer en planette,
L’autre au métal qui mieux luit,
Le tiers au cueur d’un vieil arbre,
Le quart en ivoyre ou marbre,
Et l’autre en oiseau de nuict.

Ou que mes nerfs, et mes veines
Se transforment enfonteines,
Mon col en fer pour trencher,
En feu le froid qui m’englace,
Mon estomac en cuirasse,
Et mon cueur en un rocher.