De quoi t’ai-je, en ce jour, frustré, cœur endormi ?
Du vivre, du souffrir, des regrets, de l’espoir ?
Du sourd discernement d’être enclos à demi
Dans la brume insoluble et croissante du soir ?
J’ai trop vanté, jadis, l’honneur d’être vivant,
Mon esprit débordait d’un combatif azur.
Mais crois en le soupir dont tu n’étais pas sûr :
Tout n’est que vanités et pâture de vent !
Dans le mal que m’inflige un séjour partagé,
Où le sol te recouvre alors que j’erre encor,
L’inacceptable peine est pour le triste corps
À qui pèse sans fin tout moment passager !
— Heureux celui qui peut, en s’arrêtant soudain,
Pour tomber dans la paix sans rêve et sans ennui,
N’avoir pas à compter les heures de la nuit,
Près d’une coupe vide et des flambeaux éteints !