TOI

Bonjour.

MOI

Chéri !

TOI

J’arrive de bonne heure, pas ?

MOI

Pas trop.

TOI

Tu n’es jamais content.

MOI

C’est vrai, là-bas
On fait queue et c’est long. Puis aujourd’hui l’on fouille,
Je sais, jeudi ! Ça prend du temps.

TOI

Et l’on farfouille
Et l’on trifouille, et toi, tu bafouilles. Le mieux,
Pour éviter tout ça, serait, mon pauvre vieux,
Moi, ne plus venir ni jeudi ni dimanche.
Tiens, au fait, de ne plus venir du tout, bath flanche !

MOI

Méchante !

TOI

Et comment va !

MOI

Mieux.

TOI

Tant pis, l’Infernal !

MOI

Mieux depuis que t’es là.

TOI

Zut avec ton banal,
Ton vulgaire « depuis que t’es là ».

MOI

C’est que, c’est que…

TOI

C’est que : c’est que, tu m’as l’air… c’est que… Zut ! avecque
Tes boniments toujours les mêmes.

MOI

C’est mon cœur
Qui parle. Ô oui ! Toi pas là, je meurs de langueur.
toi

As-tu fini ?

MOI

Pourquoi toujours dure ?

TOI

Eh, je blague !
T’es bête, quand je ris, tu geins, toi, t’as du vague
À l’âme. Que c’est drôle ! Un homme comme toi
Qu’on dit spirituel, très bête auprès de moi.

MOI

Tiens, devant toi, j’ai comme peur…

TOI

Je suis si belle ?
Pour changer, tu reçois, dis, un tel, une telle,
Une telle, un tel, tu sais que je le défends
Absolument de les recevoir et te rends,
S’ils viennent, responsable, et, pour ta pénitence,
Tu ne me verras plus jamais.

MOI

J’…

toi

Ô rouspétance
Détestable ! Ne réponds pas et fais le mort.
Je ne veux pas ici de ces gens-là.
moi

D’accord,
Là, j’obéis,

TOI

Bien sûr ?

MOI

Oui.

TOI

Cette femme ignoble,
Je lui ferais une conduite de Grenoble
Telle qu’elle s’en souviendrait en Paradis !
Quant aux autres…

MOI

Je les consigne, je le dis.

TOI

C’est qu’avec toi je suis toujours sur le qui-vive.
T’es gentil quand moi là, moi pas là, tout arrive !
Monsieur fait son fendant, il se laisse mener.
Il dit du mal de moi…

MOI

Çà, non !

TOI

Va donc crâner !
Mais assez — t’es mignon — de mines furieuses.
Embrasse… Et causons de choses plus sérieuses.