Regarde, o Ceres la grande,
Danser la rustique bande
Des laboureurs assemblez
A la semence des bledz.
Fay que le grain ne pourrisse
Par la pluie, et ne perisse
Par l’hyver trop avancé
Le sillon ensemencé.
Que la malheureuse avène
Ne foisonne sur la plaine,
Ny toute autre herbe qui nuit
Au grain dont vient le bon fruict.
Qu’un fort vent meslé de gresle
Ne renverse pesle mesle
Le blé sur terre haulsé,
De telle fureur blessé.
Que les oyseaux qui ravissent,
Du froument ne se nourrissent,
Ny ces monstres d’animaulx
Qui font par tout tant maulx.
Mais fay que le champ nous rende
Avec une usure grande
Les grains par nous enserrez
Soubs les sillons labourez.
Ainsi sera. Qu’on espanche
Un plein pot de crème blanche,
Et du miel délicieux
Coulant avecques vin vieux.
Que l’hostie inviolee
Avant que d’estre immolee,
Par trois fois d’un heureux tour
Cerne ces bledz à l’entour.
C’est assez. Moissons parfaictes
Autres festes seront faictes,
Et seront tes cheveux saincts
D’espicz couronnez et ceinctz.
Vota Cereri pro terrae frugibus
Aspice, magna Ceres, tibi quos semente peracta
Ducimus agrestes, rustica turba, choros.
Tu face, ne nimio semen putrescat ab imbre:
Neu sulcos rapido frigore rumpat hyems:
Neu sterilis surgat sylua infelicis auenas,
Et quascunque bonis frugibus herba nocet:
Neu terras prostrata animosi flatibus Euri
Decidat, aut densa grandine lassa seges:
Neu direpta auidas rapiant frumenta uolucres,
Monstraue, quas terras plurima saspe ferunt.
Sed quas credidimus bene cultis semina campis,
Uberius largo foenore reddat ager.
Sie erit. Interea niuei carchesia lactis
Fundite, et annoso mella liquata mero.
Terque satas circum foelix eat hostia fruges:
Cassaque mox sanctos corruat ante focos.
Nune satis hasc. Post messem alii reddentur honores:
Et sacras cingent spicea serta comas.