À André Breton

En attendant
en nattant l’attente
Sous quelle tente ?
nos tantes
ont-elles engendré
les neveux silencieux
que nul ne veut sous les cieux
appeler ses cousins
en nattant les cheveux du silence
six lances
percent mes pensées en attendant

À Benjamin Péret

Notre paire quiète, ô yeux !
que votre « non » soit sang (t’y fier ?)
que votre araignée rie,
que votre vol honteux soit fête (au fait)
Sur la terre (commotion).

Donnez-nous, aux joues réduites,
notre pain quotidien
Part, donnez-nous, de nos œufs foncés
comme nous part donnons
à ceux qui nous ont offensés.
Nounou laissez-nous succomber à la tentation
et d’aile ivrez nous du mal.

Exhausser ma pensée
Exaucer ma voix

Cataracte des flots cataracte des yeux
aux cheveux roux des roues
feues nos mains, feus nos yeux furent maître des feux.
Dans nos vaisseaux battus par un sang sans globule
Voguent de grands vaisseaux portant dans des cellules
les grands forçats sanglants qui burent nos cellules.

Au bout du môle blanc les sirènes sont molles.
Sirène des vapeurs, avez-vous vu Méduse aux cheveux de méduse :
Mes pupilles sont devenues ses amoureuses pupilles.

Jetez le lest vers l’est, lestes ballons. Volez jusqu’au soleil pour voler quoi ?
La peine des regards, yeux au pêne hermétique,
Offre un calme de reines antiques
Coupez les rênes. Laissez-les galoper, les rennes !
Chœur des cœurs – Le corps des prunelles est le fruit de jouir
Goûtez les prunelles avant de mourir,
Aux arbres des forêts le marbre des forts est.
Cent nageurs ont plongé dans le sang des prunelles
Cent nageurs ont péri du désir des cruelles, sent, nageur le sang des sans-cervelle.

Pitié pour le désert où des airs sans pitié sur les aîtres du cœur ont renseigné les hêtres
Cent hiers ont fléchi sur l’herbe des sentiers qu’ont foulé cent aimées en secret de nos êtres
Faire du fer pour panser nos pensées avec la mousse du vin, avec la mousse du vain :
Du vin pour les mousses quand souffle la mousson
et que nous dormons sur la mousse, levain du vin.
Sous quel manteau trouble dérober nos troubles mentaux.
Je mens aux multiples consciences.

Les moules des mers
aux moules des mères
empruntent leur forme d’œil,
homme – houle d’aimer.

Ail de ton œil,
je t’aime à cause de cela.

Nos tâches tachent
tour à tour
les tours
d’alentours.

Vers quel verre, œil vert, diriges-tu tes regards
chaussés de vair ?

Maître des pals, ô mâle !
le mal ne rend pas ta face plus pâle ;
que les opales fassent naître dans tes malles
des cours d’eau.
Mais ils seront si cours
que les chanteurs des cours,
baissant le dos, perdront le do
ah ! cours, maître du mal et du pal.

Plutôt se perdre aux pins,
s’éprendre des yeux peints,
que de gagner son pain
où les fleuves vont s’épandre.

Mords le mors de la mort Maure silencieux.
cils ! aux cieux
dérobez nos yeux.

Non, nous n’avons pas de nom.

Plus que la nuit nue
la femme vient hanter
nos rêves, pareils à Antée
antés des désirs renaissants

Nos pères ! C’est parce que vous n’aviez pas les yeux pers.

Changez vos cœurs au pair avec les dollars
Change ton cœur, opère sans douleur.

J’aime vos cous marqués de coups,
maîtresse des fauves
(mes tresses défaut)
j’aime des dessins, non des seins,
j’aime les dents des dames.
Pis, j’aime les pieds, non les pies non les pis
mais l’épée ?

Mais chants sont si peu méchants
Ils ne vont pas jusqu’à Longchamp
Ils meurent avant d’atteindre les champs
Où les bœufs s’en vont léchant
des astres
désastres

L’an est si lent.
Abandonnons nos ancres dans l’encre,
mes amis.

De si haut les eaux tombent-elles sur nos os ?
Voici haut les oiseaux
la voie des tombes : voix os.

Un à un
les huns
passent l’Aisne.
Nos aines confondent nos haines,
Henri Heine.
Un à un
les huns
deviennent des nains.
Perdez-vous dans l’Ain
et non dans l’Aisne.

Hein ?

Tant d’or.

Passez les patries à l’épreuve du tan
et du temps
et encore des taons.

L’art est le dieu lare
des mangeurs de lard
des phares dévoilent le fard
des courtisanes du Far-West qui s’effarent.

Dormir.
Les sommes nocturnes révèlent
la somme des mystères des hommes.
Je vous somme, sommeils, de
m’étonner
et de tonner.