I — PRIÈRE AU BON FORESTIER

Nous vous en prions à genoux,
bon forestier, dites-nous-le !
À quoi reconnaît-on chez vous
la fameuse grenouille bleue ?

À ce que les autres sont vertes ?
À ce qu’elle est pesante ? Alerte ?
À ce qu’elle fuit les canards ?
Ou se balance aux nénuphars ?

À ce que sa voix est perlée ?
À ce qu’elle porte une houppe ?
À ce qu’elle rêve par troupe ?
En ménage ? Ou bien isolée ?

Ayant réfléchi très longtemps
et reluquant un vague étang,
le bonhomme nous dit : eh mais,
à ce qu’on ne la voit jamais.

II — RÉPONSE AU FORESTIER

Tu mentais, forestier. Aussi ma joie éclate !
Ce matin je l’ai vue : un vrai saphir à pattes !
Complice du beau temps, amante du ciel pur,
elle était verte, mais réfléchissant l’azur.