XV

Je vous ai soulevée vers ma bouche : tes lèvres
résonnaient les rades riches de tartanes
et ces concordances de drapeaux sur la mer vers des vols de mouettes ;
tes lèvres résonnaient d’amples musiques évocatrices
de climats guérisseurs du mal d’âme,
tes lèvres chantaient des musiques.

Les Édens de tes lèvres et les reposoirs de tes seins
comme des fruits frigides de mes Palestines
me parlaient les repos, et les galops dans la savane, et les roses infinies.
Les mirages perpétuels
entrelaçaient leurs baisers aux coins des lignes de ta face
et ta bouche était l’arcade initiatrice
d’impossibles, et palpables et chimériques paradis.

Nos baisers, tu sais, ces baisers nos âmes, sont affixés à des pals
en face des frontières de nos Palestines
les essaims des corbeaux des airs
dansent des deuils autours de nos âmes
Et quand la charité d’une mendiante harassée
Écarte de son bâton les corbeaux des airs
cette garde s’en retourne plus triste en sa fatigue
d’avoir vu des suppliciés dans le désert.