XIII

Tel esquif dont la vie brève sur les flots
n’a pas tenté l’écho de son cri d’agonie
telle vague histoire balbutiée au bivac
par quelque bègue reître ému,

Et pourtant, chansons marines, vous savez
ce que furent, une brève minute, vos jouets
vos jouets dotés de paroles et de deuils
vous roulez par vos éternelles demeures sans seuil
des armatures de corps et des ossatures d’âme sans accueil.

S’ils peuvent s’endormir à l’ombre d’un écueil
ou laisser la mémoire d’un récif où les esquifs
viennent quérir la mort brève
vous murmurez autour, vous, chansons marines
le psaume de vos indifférences et vous passez.

Par la mer des plaines vagues on trouverait
Quelque reître, d’hier endormi dans son manteau
avec aux lèvres encore la mémoire
de cette vague histoire aux feux clairs des bivacs
quelque reître foré de blessures
mais mort de cette histoire balbutiée au bivac.