I

Deuil empreint au silence des armures
Deuil empreint aux poussières des guitares
Silence d’un deuil aux logettes des murs
Deuil sur la route où les tard-venus si tard
encore traînent leur fatigue
devant la route plus lointaine des pèlerinages fatidiques
dont nul ne vient plus à ces heures si tard.

Accoudé sur l’appui de la fenêtre
et comme penché sur la margelle
d’un puits intérieur de paysage marâtre
aussi, sur la margelle d’une nature marâtre
dont les grands lys et les grands chênes et les purs êtres
sont, autour des puits sans fond de vaines margelles
cette face de page, aux yeux, morne fenêtre.

Dans les nuées, si lointaines, si précises
dans les nuées du ciel irréel
le cortège des pourpres et les caprices des bleus
s’inclinent à l’impératrice
reculée vers les glaciers du ciel irréel
parmi les froids confins des glaciers bleus.

Et vers le sommeil silent des armures
et le sommeil silent des guitares.
sur les pourpres d’un tapis silencieux s’endort
quelque féerie de chair en un songe d’encor.

Les jardins furtifs des cieux solitaires
s’en vont et passent au-dessus des vols d’oiseaux
les vols d’oiseaux passent au château solitaire
par-dessus le silence des fossés et des eaux
le silence des routes monte au solitaire
qui ne voit ni le ciel ni les oiseaux ni la taciturnité des eaux
la femme étendue garde clos son tombeau
son tombeau de chair, son tombeau de regards clos.