Il n’aurait pas fallu que vous fussiez méchant,
Ou du moins seulement à ces moments extrêmes
Où les femmes, gisant dans un rêve oppressant,
Ne cherchent plus le cœur des hommes qu’elles aiment.
Mais j’étais ce soir-là sage et triste. Pourquoi
Ai-je vu votre injuste et brumeuse colère ?
Je ne connaissais plus vos yeux ni votre voix,
Et votre cruauté ne savait pas me plaire.
Mon esprit, recherchant la céleste amitié,
S’épouvantait ainsi qu’un vaincu qu’on désarme ;
Vous n’aviez pas le droit de m’infliger des larmes
Hors du plaisir, qui n’a pas besoin de pitié !
J’accepte que votre âme âprement se soulève
Aux instants où ma vie en la vôtre s’achève
Parmi tant de fureur et d’intrépidité ;
Mais parfois le désir impétueux fait trêve,
Ces jours-là ont besoin de charme et de bonté ;
Il faut plus de bonheur à l’amour lorsqu’il rêve
Qu’il n’en faut à la volupté !