Je l’aimerai, Bonté suprême!
Mon défenseur et mon salut.
Grand Dieu! d’un cœur plein de toi-même
Daigne accepter l’humble tribut!
De mes rivaux la haine impie
Attaquait mon sceptre et ma vie;
Tu sauves ma gloire et mes jours :
En rendre grâce à ta tendresse,
C’est assurer à ma faiblesse
Un nouveau droit à tes secours.
Déjà, dans mon âme éperdue,
La mort répandant ses terreurs,
Présentait par tout à ma vue
Et ses tourments et ses horreurs :
Ma perte était inévitable ;
J’invoquai ton nom redoutable,
Et tu fus sensible à mes cris :
Tu vis leur trame sacrilège,
Et ta pitié rompit le piège
Où leurs complots m’avaient surpris.
Tu dis : et ta voix déconcerte
L’ordre éternel des éléments ;
Sous tes pas la terre entrouverte,
Voit chanceler ses fondements.
Dans sa frayeur le ciel s’abaisse ;
Devant ton trône une ombre épaisse
Te dérobe aux yeux des vivants ;
Des Chérubins, dans le silence,
L’aile s’étend ; ton char s’élance
A travers les feux et les vents.
Au devant des pâles victimes
Que poursuit ton glaive perçant,
Prête à sortir de ses abîmes,
La mer accourt en mugissant ;
Intéressés à ta vengeance,
Tous les fléaux, d’intelligence
S’unissent pour leur châtiment :
Du monde, près de se dissoudre,
Le chaos en proie à la foudre,
N’est plus qu’un vaste embrasement.
Quand tu soulèves la nature
Contre leurs projets inhumains,
Tu récompenses ma droiture
Et l’innocence de mes mains.
Malgré le siècle et ses maximes,
Tu vis mon cœur exempt de crimes :
Pouvait-il en vain t’implorer?
Dans mon transport vif et sincère
Quels seront mes soins à te plaire,
Et mon ardeur à l’épurer!
De ton amour et de ta crainte
Ce cœur à jamais pénétré
Sera fidèle à ta loi sainte :
Et mon triomphe est assuré.
L’impie aux traits de ta justice
Croit échapper; mais le supplice
Tôt ou tard atteint les pécheurs.
Toujours propice aux âmes pures,
C’est sur nos mœurs que tu mesures
Tes châtiments et tes faveurs.
Tel est l’arrêt de ta sagesse :
Tu soutiens l’humble vertueux,
Et tu confonds la folle ivresse
Du criminel présomptueux.
C’est pour toi que je prends les armes :
Parmi le trouble et les alarmes
Éclaire ma faible raison;
Guide mes pas; et, dans mon zèle,
Il n’est rempart ni citadelle
Que je ne force en ton saint nom.
Tu me reprends, tu me consoles;
Et le miel a moins de douceur,
L’or est moins pur que les paroles
Que tu fais entendre à mon cœur.
Quel Dieu plus saint, plus adorable,
Dans ses conseils plus admirable,
Plus magnifique en ses bienfaits!
Même au milieu de ta vengeance,
Combien de fois ton indulgence
M’en a-t-elle adouci les traits?
Tu mets un terme à ta justice,
Et ton courroux s’est apaisé;
Ta main m’enlève au précipice
Que les méchants m’avaient creuse :
Tel ils m’ont va dans ma jeunesse,
Par les secours de ta tendresse,
Renverser leurs desseins pervers,
Tromper leur rage, et, sur ton aile,
Prendre l’essor de l’hirondelle,
Et m’envoler dans les déserts.
Dieu des batailles, Dieu terrible,
Tu m’instruis dans l’art des combats!
Je te dois la force invincible
Qui soutient mon cœur et mon bras:
Ce bras armé pour leur supplice,
Ne cessera, sous ton auspice,
De triompher et de punir.
Oui, dans le sang de tes victimes,
De leur blasphème et de leurs crimes
J’abolirai le souvenir.
Tandis qu’en proie à l’anathème,
Ils pousseront en vain des cris
Vers les humains, vers le Dieu même
Dont la fureur les a proscrits,
Sous mon règne heureux et tranquille
Je verrai mon peuple docile
M’offrir le tribut de son cœur.
L’étranger, forcé de me craindre,
Sera réduit lui-même à feindre
Un zèle ardent pour son vainqueur.
Tous ces succès sont ton ouvrage;
Et tu me vois en ce grand jour,
Dieu d’Israël, en rendre hommage
A ton pouvoir, à ton amour.
Étends tes soins jusqu’à ma race :
A mes enfants, avec ta grâce,
Transmets ma gloire et mes États:
Peux-tu signaler ta puissance
Avee plus de magnificence
Qu’en protégeant les potentats!