Où t’a-t-on vu, poète à la voix douloureuse
Et pure, au cœur sonore, à l’enfance amoureuse ?
Où t’a-t-on vu, jeune ange au pied silencieux,
Prendre haleine, et chanter en passant pour les cieux ?

Es-tu l’André divin dont on cherche la cendre,
Qui parmi nous, voilé, se hasarde à descendre,
Pour relire, inquiet, son livre inachevé,
Et le clore d’un rêve en mourant retrouvé ?

Ce doux cygne étouffé sous le pied de l’envie
Par tes yeux sans bonheur a-t-il revu la vie ;
Et n’y retrouvant plus ses hymnes mutilés,
Pleure-t-il dans tes vers ses beaux vers envolés ?

Alors que de ces vers la vibrante nitée
Du pied de l’échafaud s’enfuit épouvantée,
Les pris-tu lumineux sur le bord du chemin,
Où l’ange de la vie abandonnait sa main ?

Au-dessus des cachots, délivrée et chantante,
As-tu trouvé dans l’air cette âme encor flottante,
Après que sa grande aile eut franchi ses barreaux,
Toute rougie encor de l’acier des bourreaux ?

Hélas ! on le croirait, tant la grâce est la même ;
Tant tu sais, comme lui, ce qu’on sait quand on aime !
Oh ! la Parque est cruelle à qui l’a vu mourir ;
Mais quoi ! la vie est triste à qui t’y sent souffrir !

Où que tu sois, jeune homme, où que pleure ton âme,
Dis : J’ai mon nom caché dans le cœur d’une femme,
Mon nom d’enfant, qui chante au milieu de ses jours,
Et qui dans sa prière à Dieu, monte toujours !