La littérature des modernes ne dépasse pas le niveau de ce que peut donner une certaine intelligence alliée à une heureuse culture. Il est même piquant de voir à quel point une certaine faculté d’assimilation jointe à cette espèce de rouerie, de précocité propre aux âges pourris, peut tenir lieu de talent. L’aigu désir d’avoir du talent, et l’approfondissement par leur intelligence propre de ce que renferme l’idée de talent, confère à MM. Raval, Fierens, Crémieux, Morand, une existence littéraire de contrebande. En matière de style, notre époque possède un seul inventeur : Jean Giraudoux. Les autres ne sont que piraterie, surimpression, mimétisme. Ces autres, une élégance identique les marque, une même uniforme bonne tenue, un même air d’être à la page, et de savoir de quoi il retourne. Ce qui fait le poète c’est, à la fois, la nouveauté (mais une nouveauté authentique, dense, spontanée), et la substance de l’image, l’échelle du sentiment, le courant souterrain, – car le sentiment a certainement une échelle dont le degré marque la beauté. Il serait faux de croire que l’exaltation (je ne dis pas la qualité du sentiment, mais la classe, le rang, mais son ampleur) ne puisse avoir des degrés.