Dans les cités que troublent
Tant de chars se heurtant, et tant de noirs débats,
Où rampent, pleins d’orgueil, tous les sentiiriénts bas,
Où tdut est fiel, dédain, querelle, envie infâme,
J’étouffe, et, tu le sais, à chaque instant, mon âme
Qui languit sans amour comme un cygne sans eau,
Ouvre son aile et veut s’enfuir comme l’oiseau.
Comment n’aurais-je pas jusqu’au fond de moi-même
Ces aspirations vers votre paix suprême,
Ô déserts ! ô vallons ! quand, fatigué de bruit,
Je médite, appuyé sur mon livre la nuit,
Et que, dans mon esprit, je compare et j’oppose
A la foule orageuse, à la ville morose,
Aux hommes durs, amers, haineux; âpres, ’méchants,
La profonde douceur-des forêts et’ des .champs !
Une forge là-bas flamboie au pied des monts.
Vois, ces deux forgerons que le feu montre et voile.
Le fer rouge étincelle. On dirait deux – démons
À grands, coups de marteaux écrasant une étoile.
Que forgent-ils donc là, ces deux sombres forgeurs ?
Font-ils une charrue ou font-ils une épée ?
Leur enclume sonore incessamment frappée
Fait sur la route au loin rêver les voyageurs.
Glaive ou soc, ce qu’ils font est l’oeuvre de Dieu même.
Que ce soit l’humble fer ou l’acier belliqueux,
L’oiseau chante autour d’eux, l’eau palpite, l’ombre aime,
La nature profonde,est en paix aveç eux…
31- octobre 1840. – Route ’d’Épernay à Château-Thierry.