C’est bien, buvez, mangez, rampez, courbez la tête.
Nos aïeux
Étaient les habitants hagards de la tempête
Dans les cieux.
Ils dispersaient les vents sous leurs vastes coups d’ailes,
Rayonnaient,
Donnaient des rendez-vous à la mort, et, fidèles,
Y venaient.
Ils suivaient, dans l’espace aujourd’hui sombre et vide
Qui se tait,
La Marseillaise, un ange au regard d’Euménide,
Qui chantait.
Ils faisaient alterner l’ombre et le météore ; –
Hosanna !
Revanche ! Et de Rosbach ces preux faisaient éclore
Iéna.
L’Europe les voyait crier : Luttons encore !
Noüs vaincrons !
Et regardàit sortir on ne-sait quelle aurore
De leurs fronts.
Quand ils proclamaient Dieu seul Dieu, sans évangile
Ni Koran,
Et quand ils maniaient cette chose fragile,
Un tyran.
Leurs sabres ont chassé, secouant leur dragonne,
De Valmy,
De Fleurus, et des bois sinistres de l’Argonne,
L’ennemi !
Devant cès preux, semant les progrès, les désastres,
Et le bruit,
Les rois disparaissaient comme des fuites d’astres
Dans la nuit.
Moi ; je suis un prôscrit.. J’assiste aux mers farouches,
Aux combats
De l’ombre et de l’écume, où d’invisibles bouches
Parlent bas,
Et, tout en écoutant passer ce cri : Justice !
Dans les vents,
Je songe à la grandeur des morts qui rapetisse
Les vivants.
11 mai.